Pourquoi parler de gouvernance?
La semaine passée, on a parlé d'Histoire avec l'arrivée du conseil de bande pour jouer un rôle de porte-parole dans les relations économiques avec l'extérieur, ce qui a entamé la disparition ou l'affaiblissement d'une société principalement matriarcale au profit d'un modèle ``euro-américain``. On a soulevé des points sur le concept de respect dans la gouvernance traditionnelle et ``familiale`` innue, et on s'est dit qu'il faudrait que la gouvernance d'aujourd'hui s'inspire de celle du passé. On a donc parlé du concept de décolonisation ou d'autochtonisation : un processus qui mettrait de l'avant les valeurs profondes des Innus, et les infuserait dans les systèmes de gouvernance. On poursuit donc l'échange sur ce thème.
Pistes de réflexions suggérées :
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Pouvoir, autorité, liberté, autonomie, etc. qu'est-ce que ça signifie?
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Qui gouverne? Qui sont les acteurs de l’autodétermination? Quelle complémentarité des rôles? De quoi avons-nous besoin pour développer le pouvoir d’agir?
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Quelles sont les structures de gouvernance en place et leur(s) rôle(s)?
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Quels sentiments entretenez-vous face à l’irréversible mouvement de revalorisation de la culture et des structures de gouvernance innu? D’où provient selon vous le sentiment et le besoin de liberté? Quelle influence ce sentiment a-t-il sur le pouvoir d’agir, individuel et collectif?
Chef héréditaires : comment géraient-ils leur clan?
Comme des chefs d’entreprises. Ils géraient le territoire, les animaux, le bois. C’était des chefs de famille, et c’est un peu comme ça aujourd’hui. Aujourd’hui, le sentiment d’appartenance se traduit au travers de territoires “dédiés”, par famille.
Le colonisateur a amené la notion de frontières entre territoires, entre familles.
Les frontières, ce sont les rivières, les lacs… les gens se rassemblaient pour échanger à propos de la vie en territoire, à propos de “l’entreprise”. Ces rassemblements, on les fait encore aujourd’hui, on échange sur les réalités de nos communautés. On y écoute les chefs de famille, qui sont encore identifiés comme tels, et on suggère des solutions aux problèmes soulevés, on partage nos attentes par rapport au territoire.
Relation des chefs de famille avec le corps politique “moderne”.
Exemple à Pessamit, avec l’entente Pipmuacan : avec la mobilisation des Wet’suwet’en, le conseil de bande a réalisé l’importance des membres ayant des activités sur le territoire. Les agents territoriaux peuvent servir de relais d’information entre les familles en territoire et le conseil de bande, et par extension, le gouvernement. Avec Wet’suwet’en, on a un sentiment renforcé pour avancer dans l’autodétermination.
Quelle vision du Conseil de bande aujourd'hui?
Pour beaucoup, le conseil de bande est important, il s’y fient. Pour les étudiants, par exemple, la seule relation qui est entretenue ce serait tout ce qui concerne les aides financières. Des jeunes ont souvent grandi à l’extérieur de la communauté et n’ont pas de contact culturel, mais ils font valoir leur statut pour demander les aides financières au Conseil. À Mashteuiatsh, le Conseil a mis en place des sessions d’immersion nécessaires à l’obtention des aides financières. Est-ce suffisant pour que ces jeunes se ré-approprient leur culture? Pas sûr.
Capitalisme et société dominante
Réflexions
Une identité amenuisée, déchirée par l’Histoire : c’est un terreau de souffrance, de problèmes de santé mentale.
La surconsommation influencée par la société dominante est une illustration de cette souffrance, d’un vide à combler. On remarque que l’oppressé peut jouer le rôle de l’oppresseur, comme par exemple le développement du racisme envers d’autres minorités. C’est un cercle vicieux. Comment corriger et balancer la vision de certains innus sur leur propre identité?
Des aînés ont été emprisonnés car ils mettaient en place des institutions.
William Commanda, M. Vachon… des gens qui se sont tenus debout pour, par exemple, que leur population n’aille pas à la guerre.
“Gouvernement de la nation indienne de l’Amérique du Nord, mis sur pied en 1945”
À lire dans ``Mythes et réalités sur les peuples autochtones``, de Pierre Lepage : preuve que les Autochtones cherchaient une forme de gouvernance nouvelle. Ils ont été pris pour des comploteurs. Du colonialisme à l’état pur!
Disparition du Collège Manitou
A-t-on empêché les processus d’autodétermination?
En 1973, à La Macaza, près de Mont-Tremblant, le Collège Manitou ouvre ses portes. L'endroit rassemble les étudiants des Premières Nations de partout au Canada. Au programme : langues autochtones, traditions et... autodétermination! Mais subitement, seulement trois ans après son ouverture, le collège cesse ses opérations. Une fermeture qui, 40 ans plus tard, laisse beaucoup de questions sans réponse.
Écouter le reportageAujourd’hui, la lumière est rapidement faite sur ce genre de dérives du colonialisme.
Ex : quand je suis allée à Standing Rock, nous avons été arrêtés par la douane. Ils ont fini par nous laisser passer car ils ont compris que je travaillais avec les médias, et voulaient donc éviter de bousculer l’oeil du public.
Les médias : en évolution positive?
Tour de table sur les médias
- Femmes autochtones de Val d’Or : comment aurions-nous traité la situation si elle avait concerné des femmes non autochtones? On entend plus parler de cette situation et de comment elle a abouti.
- Les médias sont-ils la bonne tribune pour parler de questions aussi complexes?
- Ils vont chercher les faits, vont-ils jusqu’à la source?
- La presse, c’est un des pouvoirs. Mais pour avancer sur les parcours d’autodétermination, il a plein d’acteurs.
- Initiatives des centres de formation (ex : Cégep de Jonquière) pour former des journalistes et professionnels des médias autochtones : les jeunes formés vont pouvoir agir concrètement dans le traitement de l’information.
Comment se rend l'information?
Quels sont les canaux de communication?
- Pages Facebook des conseils ou initiées par des membres
- Quand tu ajoutes la radio aux réseaux sociaux, ça fait que l’information circule vite!
- Les personnes âgées s’y mettent, elles embarquent dans la technologie pour se tenir informées.
Réseaux et mouvements sociaux
Qu'est-ce qu'il en est et qu'est-ce qu'on en retient?
Idle no more a créé une ouverture
Stanley Vollant, Natasha Kanapé Fontaine… des gens ont été accueillis dans les médias. On voit de plus en plus de comédiens autochtones ; ils ont compris que ça élevait les cotes d’écoute!
Avant ça, il y a avait une crainte de prendre la parole.
On a senti que c’était un mouvement historique, collectif. C’est devenu un courant littéraire, artistique… ça a donné de la place aux autochtones, en communauté comme en ville, ça a créé des collaborations entre nous.
Un mouvement par et pour le peuple
...et porté par les femmes! On sait ce que ça donne, maintenant, de faire partie d’un mouvement comme ça. Ça a forcé les politiciens autochtones et allochtones à se parler, à confronter les choses. Avant, on était mis de côté, effacés.
Ça m’a forgée.
Ça a fait la personne que je suis, avec cette conscience citoyenne, et cette volonté de la transmettre.