Parler d’identité : c’est un peu partir de la base pour envisager l’autodétermination.
Pourquoi est-ce si fondamental de discuter d’identité?
Pistes de réflexion suggérées :
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Qu'est-ce qui définit l'identité? Qu'est-ce que c'est l'identité? Quand je dis mon identité, ça réfère à quoi? Identité individuelle vs identité collective?
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Mon identité diffère-t-elle selon que je suis en ville, en communauté, ailleurs dans le monde? Qu'est-ce qui me relie à ma communauté, à ma nation, aux premières nations? À quelle "communauté" je me sens appartenir?
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Identité vs statut?
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De quoi voulons-nous que nos enfants soient fiers? Quelle place la liberté occupe-t-elle dans la définition de notre identité?
Quand je parle d’identité, j’aime le faire avec le filtre entrepreneurial.
Tu as toujours besoin d’aide dans ton entreprise, de l’inspiration des gens qui t’entourent. De travailler en étroite collaboration avec la famille ou n’importe qui : l’observation et l’écoute font le gros du travail et ça forge notre parcours identitaire.
Vêtements : vecteurs d’identité.
- On se reconnait au travers des bijoux, des designs de vêtements. D’ailleurs, on le voit sur les réseaux sociaux, depuis Idle No More, on est davantage connectés, on échange, on reconstruit des liens.
- Je suis déjà typée du visage, je ne sens donc pas le besoin de m’habiller “autochtone”. Être typée, ça peut être un avantage comme un inconvénient. Parfois j’ai l’impression d’être prise pour une encyclopédie vivante aux yeux des autres.
La famille : une notion importante
Ça nous permet de comprendre une personne, de savoir d’où elle vient, surtout quant on se croise à l’extérieur des communautés. On se reconnaît par rapport à notre passé, notre vécu. “Il me reconnaît” : il sait ce que j’ai vécu (contrairement aux Allochtones qui ont tendance à ne pas nous comprendre, à ne pas savoir ce que c’est que d’être autochtone). Le territoire d'où tu viens forge ton identité. On sait qu’on est différents, entre autochtones, car nos territoires sont différents, et donc nos histoires aussi. On demande la “racine” de quelqu’un pour connaître son portrait.
Reconnaissance des peuples autochtones
De nos jours, le discours se précise, les journalistes parviennent à nommer les Nations, ils améliorent leurs entrevues, leurs enquêtes. Par rapport à ça, on est moins en “combat” qu’il y a quelques années.
Partir de la base, entre Innus
Ce qu’il faudrait faire, c’est partir de la base et réfléchir entre nous, sans avoir le regard extérieur colonial. On se construit par le regard des autres, mais si ce regard est oppressant, ça peut être dangereux pour l’identité. Il est temps de construire notre propre conception de l’identité, avec les savoirs de nos ancêtres comme repères.
- Je suis une personne autodéterminée. Je sais ce que je veux, je sais ce qui est bon de faire. Travailler fort, se défendre. J’ai la chance de ne jamais me considérer comme victime. L’autodétermination, ça prend des individus qui travaillent ensemble, et garder en tête qu’on est pas des enfants.
« Ma carte d'indien a expiré »
Réflexions autour du statut autochtone
C’est pas vrai que mon numéro de bande va expirer à cause d’une carte!
Statut, pas statut : moi, je sais d’où je viens. Je sais où j’ai grandi, ce que j’ai vécu.
Même si tu as une carte, tu n’a peut-être pas tout le bagage qui va avec.
Le bagage culturel évolue avec le temps.
(par exemple, ce sont les Français qui nous ont apporté le perlage - donc nous autres aussi on se réapproprie nos affaires).
Demander la carte pour vérifier entre nous le statut d'une personne, ce serait un acte colonial.
Par contre, demander une lettre de référence de la famille, ça serait une preuve d’appartenance plus pertinente.
Avoir une carte, et l’utiliser, c’est une sorte de geste sociologique.
Des fois je l’utilise, je me questionne… Ça me sert à quoi? Ça alimente des préjugés. Mais en même temps, qu’est-ce qu’on doit au gouvernement? C’est lui qui nous doit tout.
Le rôle de la Femme
Notre système a toujours été un système matriarcal
Le gouvernement savait ce qu’il faisait quand il a retiré le statut à certaines femmes.
Il savait que notre système était matriarcal.
C’est elle qui définit les rôles. Se faire dire quoi faire par un homme, c’est très troublant.
Dans une perspective d’autodétermination, les femmes ont clairement un rôle de leader à jouer.
Je me sens forte, comme si tout était possible.
Je ne me sens pas dénigrée ou rabaissée, malgré le système dans lequel on vit. On joue plusieurs rôles dans une même journée : cuisinière, ménagère, éducatrice, psychologue… On est aussi de nature empathique.
Dans mon entourage, ça se voit : c’est la femme qui décide.
Loi sur les Indiens + identité
Comment considérer notre identité, quand des femmes ont perdu leur statut, et que des liens d’appartenance ont été rompus et des repères effacés?
À Kiuna, on a parlé de cette loi.
Ça protège nos communautés, ça nous sert à subvenir à nos besoins. Si on abolissait la loi sur les Indiens, certaines communautés seraient mal prises. Santé, économie etc… on est pas prêts.
Il faut prendre le temps de construire l’alternative à la Loi sur les Indiens.
On a des experts autochtones en politique autochtones, on a des avocats, des historiens, des philosophes… on est capables de faire une proposition, mais on est pas rendus là. Il faut créer des plateformes de connexion, se parler. Le projet Aishkat s’insère bien là-dedans. Il y aurait aussi une réflexion à avoir à la grandeur du Canada. De peuple en peuple, on peut avancer.
Avoir une réflexion commune sur notre identité, être sereins et confiants sur notre identité, ce serait l’essentiel avant d’aller vers cette proposition.
Préparer nos jeunes : on sait qui on est et où on veut aller.
Il y a beaucoup de conseils de jeunes, qui compilent leur expertises et leurs idées. Mais les jeunes ont peur de dire ce qu’ils pensent une fois sur la communauté. En milieu urbain, c’est beaucoup plus simple. On se demande si les efforts et tout le travail qui est fait à l’extérieur des communauté a vraiment un impact à l’intérieur des communautés.
Ça a pris 150 ans pour déconstruire, alors le processus de reconstruction va être long, mais nos jeunes ne seront pas tant impactés par les pensionnats par exemple. Il vont cumuler les outils au fur et à mesure pour concrétiser l’autodétermination.
Exemple des Atikamekw
Déclaration de souveraineté, protection de la jeunesse…
Ce sont des gens qui réfléchissent et concrétisent leur processus d’autodétermination. Nouvelle-Zélande, Groenland… les premiers peuples y vont graduellement, en connaissance du contexte et du cap à tenir.
Les Atikamekw ont l’avantage d’être éloignés, en plein coeur de leur territoire.
Ils ont voulu gérer la jeunesse par eux-mêmes car c’était la voie parfaite pour revitaliser leur langue.
Les réalités des communautés sont différentes, aussi.
Les modes de pensée sont différents, aussi. Nutashkuan et Essipit, c’est pas la même chose.
On a beaucoup plus de communautés chez les Innus, et nos territoires sont plus vastes, ça peut compliquer la concertation!
Le besoin de se concerter
... et d'activer notre leadership
Les Innus, on est super forts sur le consensus.
Si on arrive à recréer une cohésion, on va parvenir à préserver cet esprit de consensus
Wet’suwet’en : quand c’est arrivé, on s’est tout de suite sentis solidaires.
Comment se rassembler? Comment créer l’éveil?
Jeux interbandes, les compétitions sportives, Forums, conférences… Ça serait le fun d’avoir des Forum dans les communautés. On pourrait camper, se connecter au Territoire.
On a hâte au Forum Aishkat!
À lire
« Décoloniser le Canada »
Un témoignage et un historique des grandes luttes autochtones au Canada.
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