Un dialogue autour de la langue, de l'identité et de la culture
en vue d'identifier les valeurs à transmettre et d'émettre des pistes d'action
Pistes de réflexion suggérées :
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Quelle culture voulons-nous transmettre?
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Que détiennent les aîné(e)s dans ce que nous voulons transmettre aux générations actuelles et futures?
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À travers quoi se manifeste la transmission de la culture?
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Qu'est-ce qui fait du sens aujourd'hui et comment l'intégrer?
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La question qui tue: La langue est-elle nécessaire...?
Entretenir la langue
- Quand tu restes dans le village, en communauté, la langue est plus facile à entretenir, à garder.
- Je suis allé régulièrement en communauté, pour de courtes ou longues périodes, et petit à petit j’ai été capable de tenir des conversations en innu.
- On peut écouter de la musique, la radio, des vidéos tournées en innu, ou lire des livres écrits en innu. Ça permet de se raccrocher à la langue, et apprendre de nouveaux mots.
- Chasse, vie en forêt, tannage de peaux, mes enfants vont connaître ça. La famille à mon conjoint est encore très “pratiquante” de la culture. Moi, j’apprends la langue à mes enfants, telle que je la connais. Mon fil a eu sa place dans une garderie autochtone, c’est un bon point pour la langue. Au quotidien, on entretient la culture à la maison.
Faut-il connaître la langue pour transmettre la culture?
- Il y a une différence d’approche par rapport aux éléments. On parle de la “mentalité” innue. C’est une vision holistique.
- La langue, c’est un mode de vie. C’est comme ça que je suis capable de me définir et de respecter qui je suis. Je parle innu et j’en suis fière. Mon chum parle atikamekw, tous les deux on se comprend et on se respecte. Pour moi, c’est la base de la culture.
- Même si tu as perdu la langue, tu as toute la vie pour l’apprendre de nouveau. J’encourage le monde à apprendre et non à simplement tasser la langue (ce que je trouve injuste pour la culture)
- Au-delà du parler, c’est une façon d’être et de penser.
- Entre eux, les enfants se parlent en français. Quand ils vont à Pessamit, il n’y restent pas assez longtemps pour assurer la langue. Leur mentalité est différente, aussi, même s’ils ont conscience qu’ils sont autochtones, qu’ils ont un bagage culturel. Ils savent beaucoup, beaucoup de choses sur la culture traditionnelle, mais ils ne maîtrisent pas la langue à 100%.
Une partie de la culture se véhicule par des valeurs, par des gestes, des façons de vivre, mais il y a aussi l’idée que la langue apporte une vision du monde qui est particulière.
Une ``façon d'être`` autochtone
- La langue apporte une personnalité chez les gens.
- Les Allochtones ont une vision carrée, cadrée du monde. Chez les Innus, on ne veut pas “setter” la vie comme le font les Allochtones. Nous, on vit de façon plus instinctive, sans idées préconçues, sans besoin de “sécurité”.
- Le mot “liberté” n’existe pas en innu, car la notion n’existe pas. C’est supposé être normal d’être libre. On vit au jour le jour, on suit le cycle de la nature, on peut comparer ça avec la liberté.
- Certaines nations très structurées me semblent être des nations colonisatrices.
- On me reprochait d’être dans la lune, de pas être à l’heure, de pas être ci ou ça, de rire trop fort, de faire trop de blagues.. mais quand je suis retournée chez nous, j’ai compris que ça correspondait à cette culture, à cette identité. Ça ne concernait pas moi uniquement.
Langue et territoire
- C’est dur de séparer la langue du territoire et vis versa. La langue vient du territoire : la langue, c’est le territoire qui nous l’a donnée. Pour réussir à garder la langue vivante, il faut avoir ce lien là. La langue, qui vient avec la mentalité des gens vivant sur un territoire,
Il y a une relation entre l’humain et son langage, qui provoque l’émanation de la culture. En étant avec d’autres individus qui partagent la même langue et le même territoire, ça crée la culture. Quand différents peuples entrent en contact, il arrive la même chose qu’entre deux individus : une manifestation créative, qui crée l’hybridation des cultures.
- À force de suivre les cycles du territoire, on a compris que c’était la façon la plus bonne d’être humain. Si on essaye de suivre une autre structure, on va être à côté de la plaque par rapport à nous-mêmes, on va perdre le respect envers nous-mêmes.
- L’innu est basé sur tout ce qui se passe dans la nature. La pluie, la neige, le soleil, les éléments… à la base, donc, la langue et la personnalité vient de cet univers-là. Il y a une structure dans les saisons, mais chaque jour va quand même être différent, ça reste en mouvance, et on s’y adapte.
- J’ai vu des gens vivre en forêt. Il y avait un sentiment de sécurité, de quiétude. Dès que je rentre dans le village, alors que je vis en ville, y’a déjà ce sentiment de sécurité qui règne. On ressent l’accueil, l’entraide.
Identité
-J’ai grandi avec des parents innus. Entre nous, on reconnaît un Innu qui a grandi avec des Blancs, un Innu qui n’a pas baigné dans la langue etc… Chaque individu correspond à son “background”. On est ce qu’on est par ce qu’on a reçu. Ceci dit, génétiquement, on est ce que nos parents sont.
- Ayant grandi en ville, étant “citadine”, on ne m'a pas transmis beaucoup de la culture traditionnelle. Y’avait-il des problématiques à la maison? Avait-on autant de contacts avec les Allochtones? On était peut-être en plein dans nos traumas. J’ai dû tout me ré-approprier par la suite. Je suis totalement Innue, mais on m’a pas donné la culture, même si j’étais à 30km du village. Ré-apprendre, comprendre qui je suis… ça été le travail des dernières années.
Transmission
- La culture innue va passer par moi.
- Mon rêve : que mes enfants parlent une langue autochtone couramment, pour que ça les maintiennne toute leur vie. J’ai l’impression que ce sera plus ou moins difficile, de transmettre langue et culture à mes enfants.
- Je rêvais d’avoir des enfants. Je n’ai jamais pensé au défi de la culture et de la langue, car c’était en moi.
- Ayant grandi en ville, étant “citadine”, on ne nous a pas transmis beaucoup de la culture traditionnelle. Y’avait-il des problématiques à la maison? Avait-on autant de contacts avec les Allochtones? On était peut-être en plein dans nos traumas. J’ai dû tout me ré-approprier par la suite. Je suis totalement innue, mais on m’a pas donné la culture, même si j’étais à 30km du village. Ré-apprendre, comprendre qui je suis… ça été le travail des dernières années.
-Quand j’étais ado, je me disais “je veux avoir un enfant avec un innu”. Finalement, c’est un atikamekw. J’ai essayé avec des Allochtones, mais (rires) ils n’ont pas la même odeur!
- Moi, avec mon chum, plus on avance, moins on a envie d’enfants. Si ça arrive, tant mieux. On attend d’être vraiment accomplis pour envisager fonder une famille. Par contre, on va retourner en communauté, peut-être à Mashteuiatsh ou Pessamit.
Pour la transmission, ça marche aussi avec le travail : j’organise des ateliers sur le perlage, les mets traditionnels, des techniques…
Rite de passage 2 : les valeurs traditionnelles innues pour cheminer après la dépendance
Documentaire
Visionner
Comment transmettre et perpétuer?
Vivre en communauté, rassembler nos familles, nos amis.
Reproduire en ville le sentiment communautaire, déjà propulsé par les centres d’amitié et les cercles d’amis et de connaissances.
Centres d’amitié : c’est une famille, on est là les uns pour les autres.
Se tenir ensemble, adultes et enfants, parler ouvertement de nos émotions, s’entraider, provoquer l’observation et l’écoute de la part de nos enfants.
Avoir des lois pour la protection de la langue. Y’a des lois qui protègent le français, mais pas les langues autochtones. On a l’idée à défendre, on la connaît tous, mais on sait que c’est pas évident de se faufiler dans le système “québécois français” pour dire : notre langue est importante, on peut-tu avoir des lois là-dessus?
Il y avait ça dans les recommandations de la commission de vérité et réconciliation.